Éclipse solaire du 20.03.2015 et Rayon Vert de Strasbourg
"Éclipse Auréole des Géomètres*"(Photo : Pierre Georges.)
* Pour des explications complémentaires, vous reporter en fin d'article.
La coïncidence de l'éclipse partielle de soleil et de l'équinoxe de printemps est suffisamment exceptionnelle pour qu'on relève en plus ce qui va la rendre "unique" dans l'histoire de Strasbourg.
Il se trouve que le rayon vert de Strasbourg se manifeste dans la cathédrale le jour du printemps. Lorsqu'il y a grand soleil sur la ville, il apparait sur le sol du bas-côté nord vers 10h20, et se pose sur le dais de pierre qui surplombe le Christ de la chaire à 11h38 avec une ponctualité tout astronomique le jour du printemps.
Les données principales concernant l'horaire en temps légal de l'éclipse annoncée étaient les suivantes pour Strasbourg :
- 1er contact : 09h27
- Maximum : 10h35
- 4ème contact : 11h46
On remarque que le rayon vert devait être affecté par l'éclipse dès son apparition dans la cathédrale et jusqu'à ce qu'il quitte la face avant du tablier de la chaire.
À noter exceptionnellement cette
année 2015 : Ce 20 mars se produit une
éclipse partielle de soleil, visible depuis Strasbourg de 8h27 à
10h46 avec maximum à 9h35 (en temps universel, source IMCCE,
Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides),
donc de 9h27 à 11h46 en temps légal sur nos montres.
Si le ciel est bien dégagé sur Strasbourg, on devrait
pouvoir observer l'éclipse en suivant son image projetée en
vert dans la cathédrale, sur l'écran que constitue le sol du
bas-côté nord, à l'endroit de la 4ème travée.
L'image se déplacera au sol d'Ouest en Est, approximativement de
10h30 à 11h15 sur nos montres. Elle sera produite par le pied
gauche de JUDA au triforium méridional. Il fait, à cet endroit,
office de diaphragme photographique dans la chambre noire que
sera pour un temps la cathédrale.
L'image montera ensuite sur la face avant du tablier de la
chaire pour rejoindre, à 11H38, son axe à hauteur du
dais qui surplombe le Christ. À ce moment, l'éclipse étant à 8 minutes du
"quatrième contact", donc pour ainsi dire
terminée, le rayon vert sera entier sur le dais.
(On appelle « quatrième contact » ou « deuxième contact
extérieur » le moment où le disque solaire se détache du
disque lunaire).
Alors, préparez vos appareils photo et autres tablettes.
Et le journal L'Alsace du 18.03.15 publie l'information.
Elle est reprise aussi par "On va sortir-Strasbourg".
Intitulé et type
d'activité de la sortie
|
|||
Rayon vert et éclipse à cathédrale
|
|||
Thématiques de la
sortie
|
|||
Date de la sortie
|
Heure de début
|
||
11:00 (du matin)
|
|||
Inscriptions &
désinscriptions jusqu'à :
|
|||
L'heure de la sortie
|
|||
Descriptif de la
sortie
|
|||
|
|||
Le rayon vert de la cathédrale de
Strasbourg
Le 20 mars à 11h38 ce rayon tombe
sur le dais du Christ et l'éclipse sera à son maximum à 10h37, 68% du soleil
sera caché par la lune. Un évènement à ne pas manquer ...
A chaque équinoxe de printemps et
d'automne, le rayon vert de la cathédrale de Strasbourg, illumine à travers
un vitrail, un Christ en pierre du XVe siècle, dans
l’indifférence de l’Église qui voit là un simple hasard.
Le rayon, surgit d’un vitrail du triforium sud
de la cathédrale représentant Juda, ancêtre de Jésus, et se positionne sur le
dais surplombant le Christ en pierre, sur la chaire de style gothique, datant
de 1485.
Le rayon, passe par le pied gauche de Juda, lequel regarde le soleil tout en désignant son pied de la main droite. Un ciel ensoleillé est nécessaire pour pouvoir admirer le phénomène et faire des photos. Inutile de venir si le soleil n'est pas au rdv. |
Tandis que tout au long de la journée du 19, RTL multipliait les annonces de l’événement sur son antenne.
...
Inutile de préciser que la surprise serait au rendez-vous le 20 mars dès 10h20.
...
Inutile de préciser que la surprise serait au rendez-vous le 20 mars dès 10h20.
Effectivement, aux jour et heure dits, plus de 1000 personnes étaient venues à la cathédrale pour voir, les unes l'éclipse, les autres le rayon vert. Mais plus vraisemblablement pour les deux phénomènes puisqu'ils se produisaient en même temps et que le public en nombre était présent dès 10h00.
Le résultat fut le suivant :
Dans un premier temps, le rayon vert se fit attendre. Puis il apparut au sol, amputé de sa majeure partie. L'effet escompté ne fut pas immédiatement spectaculaire, car la "chambre noire" que constituait pour la circonstance la cathédrale de Strasbourg, disposait d'un diaphragme, le pied de Juda au triforium méridional, bien trop ouvert pour que l'image de l'éclipse soit nette.
Jean-Claude Hatterer a néanmoins capté le disque solaire au sol, vert et amputé. Voici le croissant de l'éclipse.
Et le disque solaire entier visualisé par l'ellipse qu'il produit sur le sol hors éclipse en temps normal :
À commencer par le journal de TF1, qui diffuse son reportage le jour même dès l'édition de 13H00, réalisant ainsi une belle performance.
Pour la séquence complète voir :
|
Puis le 21.03, c'est L'Alsace qui publie un article de Hervé de Chalendar illustré de trois photos de Jean-Marc Loos.
Pour cet évènement exceptionnel, les amateurs d'éclipse qui n'étaient pas sur la place du Château étaient dès la première heure dans la cathédrale. Notre ami Pierre Georges venu tout exprès du Luxembourg, photographe à ses moments perdus mais grand professionnel du reportage improvisé, a fait ce constat flagrant à 10h35.
L'éclipse était à son maximum, mais la place était vide et la cathédrale était pleine.
(Toutes les photos qui suivront sont aussi de Pierre Georges).
Et la presse aussi s'était déplacée pour tout savoir de l’événement.
Alors Pierre a saisi le rayon vert éclipsé dès son apparition au sol du bas-côté nord. Le cliché montre le soleil amputé et l'ombre de l'ampoule du lustre que le rayon traverse dans cette position. Ici à gauche.
Et ici à droite, l’ellipse montrant le rayon vert au même endroit tel qu'il apparaîtrait en temps normal.
Avant d'arriver au sol, le rayon traverse toute la nef, à partir du pied gauche de Juda (deuxième personnage à partir de la gauche), fils de Jacob.
Sur le sol du bas-côté nord, il se déplace d'ouest en est jusqu'à ce qu'il soit kidnappé par le caméraman de TF1.
Il se rapproche alors du pilier, illuminant au passage le visage d'une charmante dame manifestement ravie.
Enfin il escalade le pilier pour accéder au tablier de la chaire.
Puis il quitte le tablier de la chaire par l'est.
Avant de rejoindre le sol du bas-côté nord.
L'éclipse étant terminée, l’ellipse est complète.
Tout est rentré dans l'ordre et il n'y aura pas de prochaine fois.
Ci-dessous Pierre Georges, ingénieur-géomètre (comme moi) de l'ENSAIS (maintenant INSA). Il livre ses impressions au reporter de TF1 qui n'en croit pas ses oreilles.
Il a aussi réalisé un beau coup de maître pour "l'amateur" qu'il prétend être. En effet, en attendant l'apparition du rayon vert, il a saisi l'instant où le soleil et la lune honoraient ensemble, dans la cathédrale, le travail de nos collègues géomètres *.
.
Si ça ce n'est pas du "grand art", alors je ne m'y connais pas.
.
Si ça ce n'est pas du "grand art", alors je ne m'y connais pas.
Il fallait le faire, et il l'a fait ! Merci Pierre.
* En fait, la broche métallique fichée dans le pilier de grès, au centre de l'image de l'éclipse, est un des nombreux repères de nivellement de précision mis en place dans toute la cathédrale. Ils étaient utilisés annuellement pour le travail de contrôle effectué par les élèves géomètres de l'ENSAIS. Ces élèves étaient chargés de faire les relevés nécessaires à la surveillance de l'édifice sous l'angle de la stabilité. Ce travail de précision devait mettre en évidence d'éventuels affaissements (même minimes, de l'ordre de quelques dixièmes de mm) susceptibles de mettre Notre-Dame en péril.
Pour découvrir, année après année, les péripéties du rayon vert depuis sa découverte jusqu'à ce jour, vous rendre sur le site qui publie les principaux articles et photos, parus dans la presse :
Maurice Rosart
À suivre, peut-être ...