Marie et Joseph, frère et soeur et en concubinage notoire.
Quid alors de l’enfant Jésus ?
Les difficultés rencontrées pour faire admettre que le rayon vert de Strasbourg résultait d’un acte volontaire, m’ont obligé à approfondir quelques données de son contexte. Certaines observations peuvent poser un problème en rapport avec l’Histoire Sainte telle qu’elle est traditionnellement présentée. Rien de bien grave, mais peut-être ne faut-il pas chercher de la logique là où il ne peut y en avoir. Rien n’interdit cependant d’essayer. Et c’est instructif.
Dans la « guéguerre » du Rayon Vert avec ses détracteurs, en 1997 l’artillerie lourde a été utilisée contre ce montage optique particulièrement spectaculaire, et pour tout dire génial. Pour le défendre, je me suis trouvé dans l’obligation de me pencher sur l’agencement des vitraux du triforium de la cathédrale pour contrer un tract diffusé à l’intérieur du monument. Ce papier intitulé : « LA VÉRITÉ SUR LE FAUX RAYON VERT » méritait une réponse étayée.
À partir de l’étude de Louis Tschaen publiée sous le Titre « À propos de l’ordonnance actuelle des vitraux du triforium » dans le Bulletin de la Cathédrale de Strasbourg N°XVIII-1988, j’ai pu mettre en évidence certaines informations utiles pour la défense du Rayon Vert. Mais aussi d’autres informations incidentes.
Rappel des faits
À l'équinoxe d'automne 1997, comme on pouvait s'y attendre après deux revirements de l’Église locale, le rayon vert ne figure plus au programme officiel des Journées Portes Ouvertes dans les Monuments Historiques et la campagne de dénigrement reprend. (Voir :
Le conseil de fabrique diffuse à l'intérieur de la cathédrale un prospectus datant de Mars 97 comportant des informations erronées. Le document émane du bien-pensant qui s'était déjà fait remarquer en affichant son ignorance, (confusion de Juda avec Phares).
À la lecture du tract on découvre que le rédacteur BGR (?) ne sait pas lire la généalogie représentée au triforium. Il confond Juda le père, avec Phares le fils, tout comme Bruno Royet précédemment. En fait BGR, qui signe le tract, c’est lui comme on pouvait s’en douter. Au conseil de fabrique, le spécialiste des vitraux ne sait pas lire la généalogie affichée dans la cathédrale.
Pourtant il aurait suffi de se reporter au dernier ancêtre de cette généalogie "ascendante", pour constater que l'inscription "qui fuit Juda" se rapporte bien à Phares, le fils, mais qu'elle est tout entière positionnée au-dessus de la tête de Juda, le père représenté en dessous.
Pourtant il aurait suffi de se reporter au dernier ancêtre de cette généalogie "ascendante", pour constater que l'inscription "qui fuit Juda" se rapporte bien à Phares, le fils, mais qu'elle est tout entière positionnée au-dessus de la tête de Juda, le père représenté en dessous.
Explications
En fin de généalogie, l’inscription au-dessus du premier personnage représenté après Dieu, "qui fuit Adam", signifie "issu de Adam". On parle donc de Seth son fils représenté à sa gauche, (à droite pour l'observateur). Elle ne permet aucune contestation. On remarquera aussi au passage que dans cette logique, Dieu qui ne porte pas la mention « qui fuit », n’est pas le père biologique d’Adam. Rien à redire.
En fin de généalogie, l’inscription au-dessus du premier personnage représenté après Dieu, "qui fuit Adam", signifie "issu de Adam". On parle donc de Seth son fils représenté à sa gauche, (à droite pour l'observateur). Elle ne permet aucune contestation. On remarquera aussi au passage que dans cette logique, Dieu qui ne porte pas la mention « qui fuit », n’est pas le père biologique d’Adam. Rien à redire.
Et s'il y avait malgré tout encore un doute sur l’interprétation de la mention «qui fuit », en se reportant à l'autre extrémité de la généalogie on y trouverait la confirmation. Ainsi, à côté du vitrail de Jésus, à gauche pour l'observateur, et pour le personnage représenté, à sa droite, se trouve Ioseph qui n'a pas la mention "qui fuit", parce que Jésus n'est pas le fils de Ioseph, du moins dans la version officielle.
Et c'est là qu’apparaît le problème.
Car ce qui est contestable, mais en parler est déjà blasphématoire, c'est la généalogie elle-même puisqu'il n'y a pas de lien de filiation paternel entre Ioseph, descendant de David et Jésus. Ce n'est donc pas une authentique généalogie mais un tour de passe-passe présenté comme un miracle, de plus agrémenté d'un zeste de misogynie. En effet pour relier Jésus à David on aurait pu choisir de mentionner Marie, la mère moins contestée, à la place de ce conjoint bafoué. C'eut été possible puisque Marie descend elle aussi de David.
L'hypothèse que la généalogie lucanienne serait celle de Jésus par Marie sa mère, fils ou descendant « d’Héli, de Matthat, … de Nathan, de David, de Jessé, …, d'Abraham, ... de Noé, ... de Seth, d’Adam, de Dieu. » a été défendue notamment par Annius de Viterbe au début du XVIe siècle11.
On notera aussi que : Saint Irénée a affirmé à plusieurs reprises que Marie était
elle-même descendante de David et que « C’est de Marie encore vierge qu’à juste titre il (Jésus) a reçu cette génération qui est la récapitulation d’Adam. »12.
Dans le récit de l’Annonciation, l’ange dit à Marie : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père »13 ; Jésus ne peut être « fils de David » que par Marie, puisque quelques instants plus tard nous apprenions qu’il serait conçu du Saint-Esprit. Saint Irénée devait répéter que Marie était ce « sein de David », prédit par le psaume pour porter le Fils de Dieu14.
Enfin dans le Talmud, Marie, mère de Jésus, est formellement identifiée comme « fille d’Héli »15,16. Héli, diminutif d’Eliacin (« Dieu élève »), pouvant être l’équivalent de Joachim (« Yahvé élève »), nom attribué par la tradition au père de Marie.)
Si on suit bien Saint Luc, Saint Irénée, Annius de Viterbe et le Thalmud, Joseph et Marie qui sont tous deux descendants de Héli, de Matthat, .... de David, sont frère et soeur. Dans ce cas rien d'anormal dans le fait que Marie soit restée vierge puisqu’elle n’est pas mariée et vit avec son frère.
Mais voilà qu’un ouvrage récent sème le trouble dans les esprits en annonçant de manière à peine voilée, que Jésus est le fils de Joseph. Et pour bien enfoncer le clou, le charpentier porte la mention « qui fuit » réservée aux pères biologiques dans la généalogie du triforium.
En effet, dans le livre
La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, "1000 ans de Parole"
(de Michel Wackenheim et Bernard Eckert paru aux Éditions du Signe)
page 80, on peut lire : Joseph. Ancêtre de Jésus selon Saint Luc 3,23 « Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença son oeuvre. Il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, qui était fils de Éli » (Luc 3,23). Père légal de Jésus, Joseph est « un descendant du roi David » et le fiancé de Marie (Luc 1,27). Charpentier (Matthieu 13,55). Il habite Nazareth.
En face, page 81, une photo d’un vitrail du triforium nord représentant la tête d’un personnage avec la mention « qui fuit Josef ».
En face, page 81, une photo d’un vitrail du triforium nord représentant la tête d’un personnage avec la mention « qui fuit Josef ».
Mais dans la généalogie représentée au triforium de la cathédrale de Strasbourg, la mention « qui fuit » est réservée aux géniteurs pour leur fils biologique. C’est si vrai que le premier personnage représenté à côté du Christ ne porte pas la mention « qui fuit ». Elle n’apparait qu’au-dessus de Héli, le voisin immédiat de Joseph. On peut donc en déduire que Joseph est bien le fils biologique de Héli, mais que Jésus n’est pas le fils biologique de Josef. Ce qui est conforme à ce que nous enseigne le nouveau testament.
Cela entraîne que, ou la photo mise page 81 n’est pas celle du charpentier mais celle d’un autre Joseph représenté au triforium nord, ou bien, là est le problème inavouable qui aurait conduit Luc à passer par Joseph et non par Marie pour relier Jésus à David. Le problème ?
Jésus serait le fruit d’un inceste.
La précision de Luc 3,23 « Il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, qui était fils de Éli » prend tout à coup de l’importance.
Alors, scoop ou lapsus calami ? Le résultat est un peu le même. Ça va énerver les académistes. Tant mieux ! C'est relevé ici pour cela.
Le rapprochement des informations que donne la généalogie du Christ représentée au triforium avec celles contenues dans le livre « 1000 ans de Parole » nous a fait découvrir que la naissance de Jésus, indépendamment de la version officielle retenue pour la postérité, a dû faire la une des journaux locaux de l'époque. Dommage que l'INA n'existât pas.
Annexes
l'ordonnance actuelle des vitraux du triforium", publiée en 1988 dans le «Bulletin de la Cathédrale de Strasbourg" N° XVIII, et qui m'ont amené à ces conclusions suite à la sortie du livre de Michel Wackenheim et Bernard Eckert. Ils donnent la liste des ancêtres selon Luc l’Évangéliste.
Ils sont annotés avec mes commentaires personnels bleus ou rouges.
On remarquera que Louis Tschaen a repéré dans la colonne (b) les ancêtres qui ne sont pas à la bonne place. Ainsi 28 d'entre eux, sur un total de 76, sont mal positionnés, soit près de 37%. Ce n'est pas glorieux pour le responsable de leur mise en place. Mais heureusement Juda est à sa place. Une possibilité de contestation de moins pour les grincheux du rayon vert.
B) - Une référence de plus pour nous remonter le moral, le prophète ISAÏE, (11-1 et 2) :
« Or, un rameau sortira de la souche de Jessé / un rejeton jaillira de ses racines. Et sur lui reposera l'esprit du Seigneur ».
B) - Une référence de plus pour nous remonter le moral, le prophète ISAÏE, (11-1 et 2) :
« Or, un rameau sortira de la souche de Jessé / un rejeton jaillira de ses racines. Et sur lui reposera l'esprit du Seigneur ».
Le rayon vert, tel qu'il est réalisé, illustre à merveille cette prophétie de l'Ancien Testament.
rameau = vert,
souche de Jessé = Juda,
rejeton = le Christ, dont la tête est touchée par le rayon qui symbolise ici l'esprit du Seigneur,
ses racines = le pied de Juda.
À Vendenheim, le 31.01.2015
Maurice Rosart
rameau = vert,
souche de Jessé = Juda,
rejeton = le Christ, dont la tête est touchée par le rayon qui symbolise ici l'esprit du Seigneur,
ses racines = le pied de Juda.
À Vendenheim, le 31.01.2015
Maurice Rosart
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