Plaidoyer en faveur de la
restauration d’un élément du patrimoine culturel alsacien, le fameux Rayon Vert
de la cathédrale de Strasbourg
À 11h38 le jour du
printemps, à 12H24 le jour de l’automne. (Photo DNA)
Gustave Klotz signe ainsi,
en Maître Maçon, l’ensemble de son œuvre.
Ci-dessus le rayon vert de Strasbourg
sur le dais de pierre qui surplombe le Christ de la chaire et ci-dessous le
vitrail de Juda (deuxième personnage dans la quatrième travée) au triforium méridional
dont le pied gauche crée le rayon vert
Le samedi 23 septembre 2023 c’est le jour de l’automne, et à
Strasbourg, c’est traditionnellement le jour du rayon vert sur le dais de
pierre qui surplombe le Christ de la chaire de la cathédrale à 12H24 précises.
Ce merveilleux spectacle cosmique observable depuis plus de cinquante ans
faisait le bonheur d’un public admiratif et chaque année plus nombreux.
Malgré (ou à cause de ?) ce succès, le 16 mars
2022, sur ordre de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), le
rayon a été supprimé.
Supprimé pour la simple raison avancée, mais pas forcément la
seule, que nous n’avons pas à ce jour la preuve de son caractère intentionnel.
Le message « Le soleil passe par mon pied » inscrit dans le
dessin du personnage de Juda dont le pied crée le rayon, ne constitue pas une
preuve suffisante aux yeux des spécialistes de la DRAC de Strasbourg. Et
pourtant, Juda regarde ostensiblement le vitrail circulaire représentant un
soleil situé au-dessus de son épaule droite, tandis que à l’aide du bras gauche
il maintient son habit bleu soulevé pour en dégager sa cheville, et que de l’index
droit il pointe son pied gauche créant le rayon.
Rappelons que le vitrail de Juda a été conçu, dessiné, mis en
place, et réceptionné le 8 août 1875, au triforium méridional sous la direction
de Gustave Klotz, architecte de l’œuvre Notre-Dame, par ailleurs franc-maçon
affilié à la loge symbolique « Les Frères Réunis » du Grand Orient de
France à Strasbourg, loge au sein de laquelle il menait ses réflexions sur le
symbolisme. Cela expliquant peut-être l’hostilité du clergé actuel envers ce
beau rayon vert, qui serait pour lui « œuvre de Satan ».
Si l’on ajoute à cela que le rayon vert, qui a la mauvaise
idée de se manifester cinquante-huit minutes avant le midi solaire local, par
sa présence sur le tablier avant de la chaire deux fois sept jours par an, gène
la perception des droits d’entrée pour assister au défilé des apôtres sur la
célèbre horloge astronomique de Schwilgué, on comprend vite que le rayon vert
de Strasbourg n’est pas le bienvenu pour les finances du Conseil de Fabrique de
la cathédrale.
Depuis ce printemps 2022 et la pose sur ce pied d’une patine
grossière réversible mais trop épaisse, le verre qui créait le rayon a perdu sa
transparence, le rayon a tout naturellement disparu et le merveilleux spectacle
qu’il produisait sur la chaire avec lui.
Le dessin du personnage de Juda contient, d’origine, un message explicite :
Ci-dessous, Jacob et Juda in situ, suivis du gros plan sur Juda délivrant son message :
« Le soleil passe par mon pied gauche
Une action en justice menée par Me Julien LAURENT, avocat à Strasbourg
et porteur d’une pétition, a été engagée pour contester cette intervention non
justifiée privant les Strasbourgeois d’un phénomène admirable et pour tout dire
unique en France sous cette forme particulièrement élaborée. La pétition qui a
été lancée pour son rétablissement a recueilli à ce jour 4330 signatures.
La procédure est en cours devant la Cour Administrative de
Nancy et la DRAC n’a toujours pas déposé de conclusions. Aucune date d’audience
pour examiner notre appel n’a été fixée.
Cela ne nous empêche pas d’espérer que la sagesse de la Cour
prévaudra et que la décision de bon sens, favorable et tant attendue, tombera
dans des délais permettant de revoir dès l’automne prochain le rayon solaire
sur le dais.
Ce rétablissement permettrait de lancer les études et
recherches pour clarifier les circonstances ayant abouti à la production d’un
rayon si éclatant en lieu et place d’un rayon d’origine vraisemblablement plus
discret. Cette discrétion pourrait expliquer qu’il soit resté si longtemps « inconnu
du grand public », ce qui ne veut pas dire inconnu de tous.
Ce travail de clarification
aurait dû être mené avant toute intervention sur le pied de Juda. C’eut été
logique et professionnel, en lieu et place de cet acte insensé qu’a été
l’occultation du rayon, comme pour TRAVESTIR L’HISTOIRE DU MONUMENT.
Un crime, ni plus ni moins,
par manque d’intelligence.
Un fabuleux spectacle
Dans cette perspective optimiste, et pour que ses admirateurs
puissent prendre leurs dispositions afin de ne rien manquer de ce spectacle
d’une rare beauté, je mets en pièce jointe, l’annonce du prochain rayon vert
qui devrait se déplacer sur le tablier de la chaire du 17 au 23 septembre
prochains. Le rayon vert de Strasbourg fait partie du patrimoine culturel de
l’Alsace, il faut le défendre lorsqu’il est dans l’adversité.
Merci d’en informer vos lecteurs. Les 4330 signataires de la
pétition, originaires de toutes les régions de France comme de l’étranger, et
les Strasbourgeois dans leur ensemble, vous en seront infiniment
reconnaissants.
Rappel
du contexte de l’affaire :
Pour
le rayon :
- Sa découverte date de 1972, après plusieurs années d’intenses recherches
que j’ai menées dans le cadre d’une étude intitulée « Formes et
symboles utilisés dans les arts sacrés ».
- Le phénomène attire, chaque année, de plus en plus de monde.
- La question de l’acte volontaire fait polémique car il n’y a pas de
traces écrites dans les archives consultées. Heureusement le message inscrit
dans le dessin du personnage de Juda est explicite pour les observateurs de
bonne foi.
Pour
l’architecte :
Gustave Klotz, le père du Rayon Vert
- Gustave Klotz est né à Strasbourg en 1810 et y est
décédé en 1880.
- Il a été architecte de l’œuvre
Notre-Dame de 1837 jusqu’à sa mort.
- On lui doit la tour de croisée du
transept, dite « Tour de Klotz ».
- Pour la réflexion symbolique qui
devait présider à son travail d’architecte éclairé, il faut rappeler que
Gustave Klotz était membre affilié de la Respectable Loge Symbolique « Les
Frères Réunis » du Grand Orient de France, à l’Orient de
Strasbourg.
Il figure sur le tableau de loge
daté de 1841, à la page dix reproduite ci-dessous.
(Conf. Livre Numérique Google)
Et ci-dessous
le devis du 12.11.1874 pour la
réalisation des figures de la 4ème travée du triforium, dont celle de
Juda, tiré de
« Gustave
Klotz 1810 – 1880 d’après ses notes, ses lettres, ses rapports »
Strasbourg
1965 – Société nouvelle d’impression MUH-LE ROUX à Strasbourg 45, Fossé des
Treize (EN NOVEMBRE MIL NEUF CENT SOIXANTE CINQ).
Par
Jacques Klotz, son petit fils, père de Jean Klotz qui m’a remis l’ouvrage le
28.11.2014.
Dorénavant,
en plus de la tour qui porte son nom, on devra aussi à Gustave Klotz le « Rayon
Vert de Strasbourg ».
Un spectacle éphémère, fascinant par sa beauté, sa
précision, sa régularité, son mystère, qu’il serait « criminel » de
faire disparaître sous le prétexte fallacieux qu’on ne saurait pas avec
certitude à qui on le doit. Mais à Klotz, pardi !
Encore faut-il, pour s'en convaincre, ouvrir grand les yeux avec intelligence, et accepter, sine qua non, l’idée que Gustave Klotz, à l’apogée de sa vie artistique, ait voulu signer à l’aide de ce génial rayon vert, symboliquement et dans la discrétion, bref en Maître Maçon qu’il était, l’ensemble de son œuvre dans la cathédrale de Strasbourg.
Non ce n’est pas trahir un secret maçonnique que d’affirmer
ici qu’il respectait ainsi magistralement la tradition séculaire de la
Franc-Maçonnerie. Quant à moi, pour ne pas faillir à mon devoir, tout
simplement j’ai dit.
Vendenheim, le 16/09/2023
Maurice Rosart :.
PJ : L’annonce du rayon vert d’automne 2023
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