CHRIST BIFRONS: Représentations secrètes

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 "Le rayon vert de Strasbourg au fil du temps"

Ce knol fait partie de la collection: Formes et symboles utilisés dans les arts sacrés

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Les artistes ont parfois profité de l'exécution d'une commande pour exprimer leur désaccord avec le discours officiel de l'Eglise. L'examen attentif de leurs chefs-d'oeuvre réserve souvent des surprises.

 Une technique: "Mettre le diable dans les détails", ou l'art de noyer le poisson.

  Pour se faire une idée précise de ce que pensait Michel-Ange du "péché originel", il suffit de se reporter à sa peinture au plafond de la Chapelle Sixtine. L'examen détaillé de l'oeuvre nous en dit long sur sa façon de voir la chose:

- le Malin est féminin, il est représenté avec des seins,

- l'arbre du Bien et du Mal est un figuier et non un pommier,

- la main droite d'Eve représentée majeur tendu, les autres doigts, dont l'index, manifestement repliés, évoque selon la tradition populaire un acte sexuel,

- Adam titille de son index droit une figue. Remarquons qu'en Italien, FICA signifie indistinctement le fruit du figuier ou le sexe d'une femme,

- l'objet de la tentation que tient dans sa main gauche le Malin, et que saisit la main gauche d'Eve, n'est rien moins qu'un phallus doté de bourses avantageuses,

- les positions respectives des deux partenaires, Adam et Eve, ne laissent aucun doute sur ce qui va se passer si Eve tourne la tête., ce qui ne manquera pas de se produire dès que l'objet tant désiré sera en sa possession.

       Photo: Michel-Ange, Le péché originel, 1505. Fresque réalisée pour le plafond de la Chapelle Sixtine.

    (Pour voir la fresque en entier, visiter:  http://www.vatican.va/various/cappelle/sistina_vr/index.html  )

Pour Michel-Ange le péché originel était une fellation, et il serait surprenant que cela ait pu faire partie de la commande, quoique?

(Pour en savoir plus sur la nature de cette commande papale, voir: Å-propos-d'une-fellation-célèbre).

  Michel-Age a donc exécuté une commande en y ajoutant discrètement son message personnel. Les auteurs des Christ Bifrons récemment découverts ont opéré de la même manière pour nous communiquer leur façon de voir. A nous de l' interpréter.

  Les photos qui suivent représentent des Crucifixions sur lesquelles les artistes ont représenté le Christ avec deux visages:  le visage "officiel" visible de tous, et un visage plus discret, accessible seulement à celui qui porte un regard attentif et critique sur l'oeuvre.

  Si le visage "officiel" affiche une certaine sérénité liée à une bienveillante obéïssance, le second se distingue par une volonté manifeste de contester. Cette volonté est traduite dans le fasciès du personnage. Il exprime:

- soit la rébellion comme chez Hans Hammer sur le tablier de la chaire dans la cathédrale à Strasbourg,

                                       Photo:  Laurent Rosart, Le Christ de Strasbourg, 1485. 

- soit la dérision comme chez Matthias Grünewald sur le rétable d'Issenheim au Musée Unterlinden à Colmar

                                               Photo: Le Christ d'Issenheim,  1512-1516.

  On observera que dans les deux cas que l'on vient d'étudier, le premier visage est dirigé vers le bas, (soumission). Le second est dirigé vers le haut, (contestation). L'artiste affirme ainsi publiquement son opinion. 

  Les trois photos reproduites ci-dessus sont extraites de:(fr) Rosart Maurice, « Une cathédrale se dévoile », Éditions du Rhin/La Nuée Bleue/DNA, à Strasbourg, Février 2004, ISBN 2-7165-0622-1.

(Première édition: Chez l'auteur, Vendenheim, 1988).

                

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